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« Vous avez perdu de l’argent, don Alvare ; peut-être plus que vous n’en pouvez payer.

— Et quand cela serait, où trouverais-je le remède ?

— Vous m’offensez ; mes services sont toujours à vous au même prix ; mais ils ne s’étendraient pas loin, s’ils n’allaient qu’à vous faire contracter avec moi de ces obligations que vous vous croiriez dans la nécessité de remplir sur-le-champ. Trouvez bon que je prenne un siège ; je sens une émotion qui ne me permettrait pas de me soutenir debout ; j’ai, d’ailleurs, des choses importantes à vous dire. Voulez-vous vous ruiner ?… Pourquoi jouez-vous avec cette fureur, puisque vous ne savez pas jouer ?

— Tout le monde ne sait-il pas les jeux de hasard ? Quelqu’un pourrait-il me les apprendre ?

— Oui ; prudence à part, on apprend les jeux de chance, que vous appelez mal à propos jeux de hasard. Il n’y a point de hasard dans le monde ; tout y a été et sera toujours une suite de combinaisons nécessaires que l’on ne peut entendre que par la science des nombres, dont les principes sont, en même temps, et si abstraits et si profonds, qu’on ne peut les saisir si l’on n’est conduit par un maître ; mais il faut avoir su se le donner et se l’attacher. Je