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Quelles phrases donneront jamais une idée plus nette du clair-obscur que la quatrième de nos estampes, dont l’auteur, ayant à représenter deux chambres, a si ingénieusement mis tout l’obscur dans l’une et tout le clair dans l’autre ? Et quel service n’a-t-il pas rendu, par cet heureux contraste, à tant de gens qui ont la fureur de parler de cet art sans en avoir les premières notions ? Si nous ne craignions pas de blesser sa modestie, nous ajouterions que sa manière nous a paru tenir beaucoup de celle du fameux Rembrandt.

Le chien d’Alvare, qui, dans le bosquet, le sauve, en déchirant son habit, du précipice où il allait s’engloutir, prouve bien que les gens d’esprit en ont souvent moins que les bêtes.

La dernière enfin, qui tire assez sur le haché si spirituel de la première, quoique d’une autre main, nous a paru aussi sublime qu’elle est morale ; quelle foule d’idées présente à l’imagination son éloquente sécheresse ! une campagne éloignée de tout secours humain ; des coursiers fougueux, emblème des passions, qui, en brisant leurs liens, laissent bien loin derrière eux la voiture fragile qui représente si bien l’humanité ; un être enivré qui se précipite pour n’embrasser qu’une vapeur ; un nuage affreux, d’où