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fit à Iſene une peinture touchante de l’état malheureux où il avoit trouvé Carados, & la conjura par les tendreſſes du ſang d’oublier les offenſes qu’il luy avoit faites, & de le vouloir guerir : & comme il vouloit réüſſir à toucher & à perſuader la Reine, il la conjura même par le Seigneur des Iſles lointaines de luy accorder ce qu’il luy demandoit.

Iſene la belle avoit eu le temps d’adoucir ſa colere. Elle répondit au Roy Candor qu’elle voudroit guerir ſon fils : mais que le ſeul remede qu’on y avoit mis luy paroiſſoit impoſſible, puis qu’il faloit trouver une pucelle qui fût auſſi conſtante que belle, qui voulût ſouffrir pour Carados. Aprés cela Iſene luy dit la ceremonie du reſte du remede.

Candor rêva un peu ; & ayant remercié la Reine il la quitta, & fut trouver la belle & triſte Adelis. Elle fut tranſportée de joye de revoir ſon frere ; elle luy demanda s’il n’avoit point eu de nouvelles de Carados ? Il luy repondit qu’il l’avoit trouvé, mais dans le plus pitoyable état du monde ; & enfin qu’il y avoit auſſi un remede, mais difficile pour le guerir. Elle voulut ſavoir avec empreſſement de quoi il étoit queſtion.