Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vive, jura de ne ceſſer point de courre le païs durant deux ans, juſqu’à ce qu’il eût trouvé ſon bon ami Carados. Il s’en alla donc tout ſeul par le monde ; il s’informoit par tout de tout ce qu’il cherchoit, & il n’en apprenoit point de nouvelles. Le temps qu’il avoit preſcrit à ſa quête s’écoula inſenſiblement ; ſa douleur luy étoit toûjours nouvelle, & il revint plein de deſeſpoir dans le Royaume du Roy qui paſſoit pour le pere de Carados.

Il ſentoit quelque conſolation de revoir ſa ſœur ; & il étoit un jour dans une forêt, où trouvant un ruiſſeau agreable, il deſcendit de cheval pour ſe repoſer, & pour éviter les grandes chaleurs.

Il marcha quelque temps pour trouver un lieu commode ; & il en avoit rencontré un tres agreable, quand il entendit le ſon d’une voix triſte qui ſe plaignoit amerement : il s’arrêta, & fut étrangement ſurpris de connoître par les paroles qu’on proferoit que c’étoit Carados luy-même qui ſe plaignoit.

Sa joye étoit fi grande, qu’il doutoit encore s’il ne ſe trompoit pas : mais s’avançant douçement, il vit un hom-