Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blance d’Iſene la belle. Il ne pouvoit ſe garantir de ce piége ; ſon ſavoir & ſon art luy devenoient inutiles étant ſous le pouvoir d’autruy.

Il ſe conſoloit dans ſes cachots, croyant avoir la Reine auprés de luy. Il ſouffroit ſeulement des rigueurs qu’elle reſſentoit, & dont il ſe croyoit la cauſe. Dans le temps qu’il luy diſoit les choſes les plus ſenſibles, les plus delicates & les plus paſſionnées, la Fée démaſqua l’eſclave. Elle parut avec ſes traits naturels, il connut ſa faute, & la tromperie qu’on luy avoit faite.

Rien ne peut-être comparable à la douleur du Seigneur des Iſles lointaines ; on le laiſſa enſuite aller ſans luy faire promettre de ne voir plus lſene la belle, & par malheur on oublia ce point qui étoit le plus important.

On le laiſſa vivre afin de luy laiſſer une honte éternelle de ſon infidelité ; il la ſentit bien & ſe tranſporta dans la Tour auprés d’Iſene la belle, à qui on avoit ôté toute ſon aimable compagnie.

Il l’aborda, le tein pâle, les cheveux negligez, les yeux baiſſez, ſans avoir pour toute parole que des ſoûpirs preſ-