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des tournois, il donna cent marques d’amour à Iſene la belle, où perſonne ne prit garde : ils ſe regardoient à la dérobée, s’ils danſoient enſemble ils ſe ſerroient la main, ils beuvoient à table dans le même verre ; rien n’eſt comparable à la felicité des commencemens d’amour.

La ſeconde nuit l’Enchanteur fut encore avec la Reine, & il mit ſon eſclave dans le lit du Roy. La journée ſe paſſa en ces témoignages d’amour, qui bien que donnez myſterieuſement ont un charme infini pour les ames delicates.

La troiſiéme nuit fut ſemblable aux deux autres : ſi l’Enchanteur eut les mêmes douceurs, le Roy en crut trouver auſſi auprés de celle qu’il avoit miſe au côté de ce Prince.

Les fêtes finies chacun ſe retira, & ce Roy prit congé du bon Roy, & mena ſa nouvelle épouſe dans ſes Etats.

Peu de tems aprés elle s’apperçut qu’elle étoit groſſe ; & le terme étant venu, elle accoucha du plus beau Prince qu’on eût jamais vû : il ſe nommoit Carados.

Le Roy l’aimoit paſſionnement, par ce qu’il en croyoit être le pere, & la