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Il fut trés étonné de ſentir qu’il ne voyoit plus, il demeura quelque temps au pied de la Tour à gémir & à prononcer cent fois le nom de Perſinette.

Il marcha comme il put en tâtonnant d’apord, enſuite ſes pas furent plus aſſurez ; il fut ainſi je ne ſay combien de temps ſans rencontrer qui que ce fût qui pût l’aſſiſter & le conduire : il ſe nourriſſoit des herbes & des racines qu’il rencontroit quand la faim le preſſoit.

Au bout de quelques années il ſe trouva un jour plus preſſé du ſouvenir de ſes amours & de ſes malheurs qu’à l’ordinaire, il ſe coucha ſous un arbre & donna toutes ſes penſées aux triſtes reflexions qu’il faiſoit. Cette occupation eſt cruelle à qui penſe meriter un meilleur ſort ; mais tout à coup il ſortit de ſa réverie par le ſon d’une voix charmante qu’il entendit. Ces premiers ſons allerent juſqu’à ſon cœur, ils le penetrerent, & y porterent de doux mouvemens avec leſquels il y avoit long-temps qu’il n’avoit plus d’habitude. Ô Dieux ! s’écria-t-il, voilà la voix de Perſinette.

Il ne ſe trompoit pas ; il étoit inſenſiblement arrivé dans ſon deſert. El-