Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pauvre Perſinette fit les yeux tous trempez de larmes.

Aprés ce recit la Fée ne parut point touché de toute l’amour dont Perſinette luy racontoit des traits ſi touchans, & la prenant par ſes cheveux elle en coupa les precieux cordons ; aprés quoi elle la fit deſcendre, & deſcendit auſſi par la fenêtre. Quand elles furent au bas elle s’envelopa avec elle d’un nuage, qui les porta toutes deux au bord de la mer dans un endroit tres-ſolitaire, mais aſſez agreable : il y avoit des prez, des bois, un ruiſſeau d’eau douce, une petite hutte faite de feüillages toûjours verds ; & il y avoit dedans un lit de jonc marin, & à côté une corbeille, dans laquelle il y avoit de certains biſcuits qui étoient aſſez bons, & qui ne finiſſoient point. Ce fut en cet endroit que la Fée conduiſit Perfinette, & la laiſſa, aprés luy avoir fait des reproches qui luy parurent cent fois plus cruels que ſes propres malheurs.

Ce fut en cet endroit qu’elle donna naiffance à un petit Prince & à une petite Princeſſe, & ce fut en cet endroit qu’elle les nourrit, & qu’elle eut tout le temps de pleurer ſon infortune.