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neanmoins comme rien ne paroît difficile en amour, il alloit jour & nuit autour des murs de ce jardin pour tâcher d’y monter ; mais ils étoient d’une hauteur qui rendoit la choſe impoſſible.

Enfin un ſoir il apperçût une des portes du jardin ouverte. Ils s’y gliſſa doucement, & il fut ſi heureux, qu’il prit à la hâte une poignée de perſil : il reſortit comme il étoit entré, & porta ſon vol à ſa femme, qui le mangea avec avidité, & qui deux jours aprés ſe trouva plus preſſée que jamais de l’envie d’en remanger encore.

Il faloit que dans ce temps-là le perſil fût d’un goût excellent.

Le pauvre mary retourna enſuite pluſieurs fois inutilement : mais enfin ſa perſeverance fut recompenſée ; il trouva encore la porte du jardin ouverte : il y entra, & fut bien ſurpris d’appercevoir la Fée elle-même, qui le gronda fort de la hardieſſe qu’il avoit de venir ainſi dans un lieu dont l’entrée n’étoit permiſe à qui ce fût. Le bon homme confus ſe mit à genoux, luy demanda pardon, & luy dit que ſa femme ſe mouroit ſi elle ne mangeoit pas un peu de perſil ; qu’elle