Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour combler leur felicité la jeune épouſe ſe trouva groſſe ; & ſe fut une grande joye dans ce petit ménage, ils ſouhaitoient fort un enfant, leur deſir ſe trouvoit accompli.

Il y avoit dans leur voiſinage une Fée, qui ſur tout étoit curieuſe d’avoir un beau jardin, on y voyoit avec abondance de toutes ſortes de fruits, de plantes & de fleurs.

En ce temps là le perſil étoit fort rare dans ces contrées ; la Fée en avoit fait apporter des Indes, & on n’en eût ſçû trouver dans tout le païs que dans ſon Jardin.

La nouvelle épouſe eut une grande envie d’en manger, & comme elle ſavoit bien qu’il étoit mal aiſé de la ſatisfaire, parce que perſonne n’entroit dans ce jardin, elle tomba dans un chagrin qui la rendit même méconnoiſſable aux yeux de ſon époux. Il la tourmenta pour ſavoir la cauſe de ce changement prodigieux qui paroiſſoit dans ſon eſprit auſſi bien que ſur ſon corps : & aprés luy avoir trop reſiſté, ſa femme luy avoüa enfin qu’elle voudroit bien manger du perſil. Le mary ſoûpira, & ſe troubla pour une envie ſi mal-aiſée à ſatisfaire :