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C’étoit auſſi pour ſe défaire de Plus belle que Fée qu’on la mena dans la Forêt des Merveilles. On luy donna une legere proviſion de vivres, pour la forme ſeulement, un cordon de ſoye à la main avec un nœud coulant pour arrêter la Biche. Voilà tout ſon équipage de chaſſe.

Elle mit ce qu’on luy donna au pied d’un arbre, & quand elle ſe vit ſeule elle porta ſa vûë dans cette vaſte forêt, où elle n’aperçût dans ce profond ſilence, & dans cette ſolitude qu’un objet de deſeſpoir.

Elle voulut demeurer au bord de la forêt, & ne s’engager pas plus avant, & pour ſe reconnoître, elle marqua l’endroit d’où elle partoit. Mais qu’elle étoit abuſée. On étoit toûjours égaré dans cette forêt ſans en pouvoir ſortir, elle apperçut dans une route la Biche aux pieds d’argent qui marchoit gravement. Elle alla aprés elle avec ſon cordon à la main, croyant la prendre : mais la Biche ſe ſentant pourſuivie couroit, & de temps en temps s’arrêtant, elle tournoit la tête vers Plus belle que Fée. Elle furent enſemble tout le jour ſans s’approcher, & la nuit les ſepara.