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une de ces folies, dont l’eſprit de l’homme eſt ſouvent atteint, mais qui ne paſſeroit pas plus avant. Cependant elle ſçût quelque temps aprés qu’il s’étoit précipité dans la mer.

Un Sage qui avoit élevé ce jeune homme, ſe plaignit aux Intelligences ſuprêmes, & la chaſte Fée fut comdamnée à être Biche cent ans durant, pour faire penitence de ſa rigueur, avec tel ſi, qu’une beauté accomplie qui voudroit s’expoſer à la courre durant dix jours dans la Forêt des Merveilles, pourrroit la prendre & lui redonner ſa premiere forme. Il y avoit déja prés de quarante ans qu’elle paiſſoit ainſi transformée.

Au commencement pluſieurs beautez s’étoient riſquées, pour tenter une ſi belle aventure, & qui promettoit tant de gloire, chacune croyoit être la plus heureuſe : mais comme elles ſe perdoient, & qu’au bout des dix jours on n’en entendoit plus parler, cette ardeur s’étoit refroidie, & l’on ne voyoit plus depuis trés long temps aucune Belle qui s’offrît, de maniere que celles qu’on y conduiſoit depuis, n’y alloient que par l’ordre des Fées pour les abondonner à une perte aſſurée.