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une agreable fille que lui vint dire en lui portant un peu de nourriture, que c’étoit de la part du favori de la Fée ſa maîtreſſe, qui étoit reſolu de la ſecourir ; qu’elle ſeroit heureuſe ſi cela étoit, parce que la Fée avoit envoyé chercher un méchant eſprit, afin qu’il vint lui ſouffler au nez de la laideur, & qu’en cet état difforme & plein d’ignominie, elle la renvoiroit à la Reine des Fées, afin qu’elle ſervît au triomphe de leurs reſſentimens. La Princeſſe Deſirs penſa mourir de frayeur à cette menace de perdre tout d’un coup tous ſes charmes, & elle ſouhaita de mourir.

Son tourment étoit horrible ; elle ſe promenoit à tâtons dans ſa noire demeure, quand on la prit par le bras, elle ſentit en ſon cœur une émotion fort douce. On la mema vers un peu de lumiere, & quand ſa vûë fut raſſûrée, elle l’eut frappée de l’objet de tous le plus charmant, elle reconnut ce cher Prince qui l’aimoit tant, & de qui on l’avoit ſeparée la veille de ſes nôces. Ses tranſports & ſa joye furent extrêmes ; eſt ce vous, lui dit-elle cent fois ; Enfin quand elle en fut bien perſuadée, oubliant tous ſes malheurs preſens. Mais eſt-ce vous