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avoit conſenti à une ſeparation qui luy paroiſſoit d’abord dure ; qu’elle les avoit tous trois enlevez, & avoit voulu confier à ſes ſoins comme à la perſonne la plus digne d’un tel employ. Aprés cela la Fée la pria de ſe mettre en repos, l’aſſurant que l’union de ces jeunes Princes rendroit la paix à tout le Royaume, où Finfin regneroit avec Lirette.

La Bonne Femme écouta tout ce diſcours avec une grande admiration, mais ce ne fut pas ſans laiſſer tomber quelques larmes. Madame Tu Tu en fut ſurpriſe, & en demanda le ſujet. Helas ! dit-elle, je crois qu’ils vont perdre leur innocence par cette grandeur à laquelle ils vont être élevez, & qu’une fortune ſi éclatante va corrompre toute leur V6Ttlle

Non, réprit la Fée, ne craignez point un ſi grand malheur, vous leur avez donné de trop bons principes ; on peut être Roy & honnête homme. Vous ſavez qu’il en eſt un dans l’univres, qui eſt le modele des parfaits monarques : ainſi calmez vôtre eſprit. Je vais être avec vous autant qu’il me ſera poſſible, j’eſpere que vous ſerez ſans ennuy.