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du monde, & leur montra des bons pâturagez pour leurs moutons, & un beau païs pour la chaſſe. Vous pouvez, leur dit-elle, aller de ce côté juſques à cette belle Rieviere, n’allez jamais à l’autre bord, & de ce côté-là chaſſez dans les bois ; Mais prenez garde, continua-t-elle, de paſſer un grand Chêne qui eſt au milieu de la forêt ; il eſt fort remarquable, parce qu’il a les racines & le tronc de fer. Si vous allez plus avant, il pourroit vous arriver des malheurs dont je ne ſaurois vous garantir ; & aprés cela je ne ſerois peut-être pas en état de vous ſecourir promptement, car une Fée a bien de l’occupation.

Ces jeunes Bergers l’aſſurerent qu’ils feroient exactement ce qu’elle leur preſcrivoit ; & ſe mettant à conduire leur troupeau tous quatre, Madame Tu Tu demeura avec la Bonne Femme. Elle remarqua quelque inquietude dans ſon air : Qu’avez-vous, Madame, luy dit-elle ? quel nuage s’éleve dans vôtre eſprit ? Je ne vous nieray point, réprit la Bonne Femme ; que j’ay de la peine de les laiſſer ainſi tous enſemble. Il y a quelque temps que je vois avec chagrin que Finfin & Lirette s’aiment peut-être