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avoit la tête appuyée ſur ſa trouſſe, & Mirtis avoit la ſienne ſur l’eſtomac de Finfin.

Le Prince la trouva ſi belle, qu’il deſcendit precipitamment de cheval, & la regardoit avec une grande attention. Il jugea à leurs pannetieres & à la ſimplicité de leurs habits que ce n’étoit que des Bergers : il en ſoûpira de douleur, parce qu’il avoit déja ſoûpiré d’amour ; cet amour même fut ſuivi dans un inſtant de la jalouſie. La maniere dont ces jeunes gens étoient luy fit croire qu’une telle familliarité ne venoit que de l’amour qui les uniſſoit.

Dans cette penſée inquiette, ne pouvant ſouffrir un ſommeil trop long, il toucha de ſon épieu le beau Finfin. Il ſe réveilla en ſurſaut, & voyant un homme devant luy, il paſſa la main ſur le viſage de Mirtis, & l’éveilla auſſi en l’appellant ſa ſœur ; parole qui raſſura dans le même moment le jeune Prince.

Mirtis ſe leva toute étonnée : elle n’avoit jamais vû que Finfin. Le jeune Prince étoit de même âge qu’elle. Il étoit ſuperbement vêtu, & il avoit un viſage tout rempli d’agrément.

Il luy dit d’abord bien des douceurs ;