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me ; qui en a tant appris à Lirette dans ce deſert ? Comment feray-je pour couper de bonne heure la racine d’un mal ſi pernicieux ? Eh Madame, de quoi vous inquietez-vous, luy dit alors la Perdrix ? laiſſez-les faire, ceux qui les conduiſent en ſavent plus que vous.

La Bonne Femme demeura toute interdite ; elle connut bien que la Perdrix parloit par la force d’un art ſurnaturel. Les Billets luy tomberent des mains de frayeur ; le Fan & la Perdrix les ramaſſerent, l’un courut, & l’autre vola : & la Perdrix luy chanta ſi ſouvent Tu Tu, qu’elle crut que cette puiſſante Fée la faiſoit parler. Elle ſe remit un peu aprés cette reflexion ; & n’ayant pas la force d’achever ſon petit voyage, elle réprit le chemin de la maiſon des Roſes.

Cependant Finfin & Mirtis avoient chaſſé tout le long du jour ; & étant las, ils avoient porté leur gibier à terre, & s’étoient couchez ſous un arbre pour ſe repoſer : ils s’endormirent.

Le fils du Roy chaſſoit auſſi ce jour-là dans cette forêt. Il s’écarta de ſes gens, & vint dans l’endroit où repoſoient nos deux jeunes Bergers : il les conſidera quelque temps avec admiration. Finfin