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dans un petit cabinet tout lambriſſé d’ébeine, où l’on lui dit qu’elle coucheroit ſur un peu de paille, & il y avoit une once de pain & une tafſe d’eau pour ſon ſouper. De là on la fit paſſer dans une grande galerie, dont les murailles de haut en bas étoient de marbre noir, & qui ne recevoit de clarté que par celle qui venoit de cinq lampes de geais, qui jettoient une lueur ſombre capable plûtôt d’épouvanter que de raſſurer. Ces triſtes murailles étoient tapiſſées de toiles d’araignée depuis le haut juſqu’en bas, dont la fatalité étoit telle, que plus on en ôtoit, & plus elles ſe multiplioient. Les deux Fées dirent à la Princeſſe, qu’il faloit que cette galerie fût nettoyée au point du jour, ou bien qu’on lui feroit ſouffrir des ſupplices effroyables : & poſant une échelle à deux mains, & lui donnant un balay de jonc, elles lui dirent de travailler, & la laiſſerent. Plus belle que Fée ſoûpira, & ne ſachant point le ſort de ces toiles d’araignée, quoique la galerie fût fort grande, elle ſe reſolut avec courage d’obéïr. Elle prit ſon balay, & monta legerement ſur l’échelle. Mais, ô Dieu ! quelle fut ſa ſurpriſe, lorſque penſant