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mour, que la vertu gouverne ; elle eſt donnée à la terre pour faire ſa felicité. Mais pourquoy la fuyez vous, répliqua Lantine ? qui a-t-il d’incompatible entre vous deux ? Je ſuis un enfant gâté, répartit-il, je ne ſuis pas en état de me montrer devant des regards ſi purs.

    Je fuiray toûjours ſa preſence ;
Déreglé, libertin, vivant en inſenſé,
    Perfide, injuſte, intereſſé,
    Cruel, & rempli d’inconſtance,
Puis-je de cet objet ſoûtenir l’excellence ?

    Elle, dont le cœur eſt formé
    Par la Pudeur, par la Nobleſſe,
    Dont l’eſprit eſt tout animé
Des divines leçons qu’inſpire la Sageſſe ?
La Prudence conduit ſes pas, ſes actions.
    Sans connoître les paſſions,
Elle a tout ce qu’il faut pour dompter leurs caprices.
    Haïſſant, deteſtant les vices,
Cheriſſant le merite, aimant les vertueux,
L’innocence des mœurs eſt ſon partage heureux.