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luy fit fort mauvais viſage, elle auroit bien deſiré revoir ſon petit vieillard qui luy avoit fait tant de plaiſir ; & demeurant ſeule elle paſſa dans un cabinet, dont elle ferma la porte ſur elle. Mais quelle fut ſa ſurpriſe & ſa joye d’y trouver le Prince de Sabée ?

Belle Princeſſe, luy dit-il, je ſuis trop heureux de vous voir dans mon appartement. Comment, luy répondit elle, vous vous mocquez, je ſuis chez abſolue. L’Amour m’a logé icy, répliqua-t-il, je n’en partiray point tant que vous y ſerez. Mais, luy dit-elle, puis je y demeurer avec bienſeance avec vous ? Vous y ſouffrez bien le Seigneur du Roc affreux, interrompit-il. Je ne puis l’empêcher, pourſuivit-elle : Voulez-vous ma mort, répartit-il ? vous n’avez qu’à aller dire que je ſuis icy. Cette conſideration fut puiſſante, & obligea la Princeſſe à ſouffrir ce qu’elle ne pouvoit empêcher.

Le temps qu’ils paſſerent enſemble leur parut doux, & quand elle fut rentrée dans ſa chambre, ſes filles la mirent au lit.

Plufieurs jours s’écoulerent de la ſorte, qu’ils ſe voyoient librement : mais