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voir un ſi charmant ſpectacle : mais par des regards inquiets elle témoignoit qu’elle auroit voulu autre choſe. En ce moment même elle vit l’Amour & le Prince de Sabée, l’un auſſi beau que l’autre. Vous me l’aviez bien promis ; luy dit-elle, avec un épanchement de joye qu’elle ne put retenir, qu’il ne manqueroit rien à la Fête que vous me donneriez. Vous joüez de bonheur, réprit l’Amour ; car je ne tiens pas toûjours ce que je promets. Et Panpan venant prendre la Princeſſe pour danſer, ils couloient ſi doucement ſur la furface des eaux, que c’étoit une merveille de ce qu’ils n’enfonçoient pas, & que cette liquide glace eût toute la ſolidité qu’il faloit pour les ſoûtenir.

Le Prince de Sabée dit cent jolies choſes à la Princeſſe, & elle luy en répondit pour le moins autant. Aprés quoy on leur ſervit une collation admirablement bonne, & l’Amour ayant preſenté à boire à Panpan, la Princeſſe remarqua qu’auſſi-tôt qu’il eut bû il perdit la raiſon : de ſorte que ce petit Sorcier l’ayant auſſi voulu obliger de boire, elle le refuſa. Elle étoit trop prudente pour riſquer à ſe mettre dans un état honteux ; & regar-