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barque, & quoy qu’il pût faire, il luy fut impofſible de regagner aucun Port.

Ce n’étoit pas la même barque qui l’avoit conduit dans ce climat, elle étoit plus propre & plus commode : il y avoit une petite chambre avec un lit, afin qu’il pût ſe repoſer quand la fantaiſie luy en prendroit. Deux jeunes garçons la conduiſoient, & avoient le ſoin de donner à Miracle ce qui luy étoit neceſſaire : il avoit tous les jours un habit neuf, choſe eſſentielle pour plaire à la plûpart des Dames.

Le Prince le ſavoit bien, auſſi prenoit-il un grand ſoin de ſe parer.

Il fut long-temps à ne faire que voir le Royaume des Delices, & à deſirer la charmante Faveur, mais c’étoit tout. Il ne pouvoit prendre terre, il crut y aborder, & c’étoit le Royaume des Avances. La Reine étoit ſur le Port ; de loin il la prit pour Faveur ; il vola à elle, & il n’y trouva aucun empêchement. Elle le reçût de la maniere la plus obligeante, & à laquelle il s’attendoit le moins.

Il fut trés-étonné quand il connut ſa mépriſe. Ah ! ce n’eſt pas la divine Faveur, dit-il, tout hors de luy. Avance fut piquée, mais ce n’étoit pas ſon caractere