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çons étoient tous chargez de pierreris les plus rares, & les mieux miſes en œuvre. Faveur en fut ébloüie, le Prince en fut étonné ; il les jetta aux pieds de la Princeſſe, & s’y élançant en même temps : J’aſpire à d’autres tréſors, luy dit-il, & depuis que je ſuis frapé de l’éclat de vos charmes, je ne puis aimer que vous.

Bien d’autres m’aiment, luy répondit la Princeſſe ; je ne puis me donner qu’au plus fidele, on l’eſt un temps, mais on ne l’eſt pas toûjours : voilà pourquoy perſonne ne me poſſede qu’imparfaitement. C’eſt toûjours beaucoup que d’entrer dans le Pays des Delices ; vous y étes, craignez de n’y pas demeurer longtemps.

Diſant ces paroles elle s’avança pour s’en aller. Le Prince la voulut ſuivre : Je ne ſaurois demeurer avec vous, luy dit-elle. Elle partit ; & le Prince la voulant retenir, un de ſes rubans luy reſta dans la main, & ſa courſe fut ſi prompte & fi preciptée, que demeurant tout épouvanté, ſans qu’il luy fût poſſible de faire un pas : Legere Faveur, s’écria-t-il, vous vous envolez bien vîte, je vous perds au moment que je vous ay.

À ces paroles il ſe trouva dans une