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lement les Fées contre elle, qu’il n’y eut rien qu’elles ne penſaſſent pour ſe venger de l’orgüeil de ſon nom, & pour détruire une beauté qui leur cauſoit tant de jolouſie.

La Reine des Fées n’étoit pas une de ſes bonnes Fées, qui ſont les protectrices de la vertu, & qui ne ſe plaiſent qu’à bien faire. Aprés le cours de pluſieurs ſiécles, elle étoit parvenuë à la Royauté par ſon grand ſçavoir, & par ſon artifice. Le nombre de ſes ans l’avoit renduë fort petite, & l’on ne l’appelloit plus que Nabote.

Nabote donc aſſembla fon Conſeil, & lui fit ſavoir qu’elle avoit reſolu de venger tant de belles perſonnes qu’elle avoit dans ſa Cour, & toutes celles qui étoient par toute la terre, qu’elle vouloit s’apſenter & aller elle même voir & ravir cette beauté qui faiſoit un bruit ſi deſavantaganx à leurs charmes : ainſi fut dit, ainſi fut fait. Elle partit, & prenant des vêtemens ſimples, elle ſe tranſporta au Château qui renfermoit cette merveiile, elle s’y rendit bientôt familiere, & engagea par ſon eſprit les Dames de la Princeſſe à la recevoir parmi elles. Mais Nabote fut frappée d’un grand étonnement, quand