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Zelindor & abſence du Prince Verd.

Thiphis luy même employoit ſes ſoins pour la fléchir en faveur de ſon fils, & pour la convaincre qu’il étoit l’heureux Amant promis par les deſtinées. Il luy diſoit qu’il ne faloit pas chercher une plus grande oppoſition que celle de leurs cœurs, puiſque celuy de Zelindor brûloit pour elle, & que le ſien étoit tout de glace pour luy. Ah ! laiſſez-moy, répondit la Princeſſe, quel raiſonnement pitoyable : Le Ciel me promet du bonheur par quelque oppoſition : mais ce n’eſt pas dans les cœurs qu’il la veut. Je ne ſaurois être heureuſe qu’en aimant autant que je ſeray aimée.

Elle vivoit triſtement dans ce beau lieu, tandis que la Fée Sublime, ſurpriſe de ne la point voir revenir chez elle, envoya ſon Pelican la chercher. Il fit tant de tours, qu’il arriva le lendemain du départ de Bleu dans cet aimable bois où le Prince & les quatre Princeſſes étoient arrêtées : il rompit les filets qui les retenoient avec ſon bec & ſes ſerres. Le Prince Verd l’embraſſa mille fois pour le remercier de ſa délivrance ; aprés quoy l’oiſeau le quitta, & ramena les Princeſſes auprés de la Fée Sublime.