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ſes de ſon Sang, de même âge qu’elle, dans une nuée ; ce fut là qu’elle établit ſa demeure, ſi éloignée de la Terre & de ſes corruptions, qu’elle eſpera avec ſes foins la rendre un jour une fille achevée.

Cette Princeſſe avoit les plus beaux yeux du monde, ils étoient bleus, ſi animez & ſi vifs, que la pénétration de leurs regards rendit ce nuage de la même couleur. De-là vint que la Fée, en peine du nom qu’elle luy donneroit, la nomma la Princeſſe Bleu.

Sublime donna tous ſes ſoins à faire que l’ame de la Princeſſe fût auſſi belle que ſon corps étoit parfait ; elle eut la ſatisfaction de la voir dignement répondre à ſes eſperances. Bleu avoit le plus grand eſprit de la Terre ; il fut embelli de toutes les belles connoiſſances, & à la noire ſcience prés, elle n’ignoroit rien. Elle avoit autant de raiſon que d’eſprit. La Fée luy confia le ſort qu’il luy falloit éviter. L’orgüeil de la Princeſſe la pouſſoit naturellement à ſon heureux deſtin, trouvant dans ſes ſentimens qu’il ne luy ſeroit pas aiſé de s’accommoder d’un Prince, comme étoit la plûpart de ceux qu’on voyoit ſur la Terre.