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& peu durables. Nirée luy plut fort, & ils ſe lierent d’une bonne amitié enſemble ; il luy apprit tout ce qui s’étoit paſſé autrefois entre la Reine d’Armenie & luy, & que le malheureux attachement, dont il étoit l’objet, l’obligeoit à tourmenter Pretintin, parce qu’il l’avoit un peu aimée, qu’elle avoit juré de ne luy pardonner jamais ; qu’Uliciane ſavoit bien qu’il en pouvoit ſouftraire un des deux à ſa fureur ; mais qu’elle avoit ſi bien diſpoſé la puiſſance de ſon art, qu’il ne ſauroit les ſauver tous deux, ſi on ne luy ôtoit ſa ceinture qui étoit de metaux conſtellez, & qu’elle avoit entre ſa peau & ſa chemiſe ; que tous ſes charmes y étoient attachez, & qu’à moins qu’on la luy prît, l’un des deux ſeroit toûjours miſerable.

Le beau Nirée ſoûpira, & craignit que dans ce moment la cruelle Fée ne fiſt quelque mal à Pretintin, il conjura ſon cher Tourbillon de voler à ſon ſecours. Elle ne doit pas ſouffrir, luy répondit-il, je luy ay donné une petite trompette, avec laquelle elle m’appelleroit, ſi elle avoit beſoin de moy : mais je vous entend, vous la voulez voir, vous avez raiſon, & on la punit aſſez par vôtre abſence.