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aucun ſecours ne peut vous le rendre, partientez.

La pauvre Princeſſe s’évanoüit à cette lecture ; & aprés être revenuë à elle, elle pleura long-temps, & ſe reſolut tout doucement à ſuivre le conſeil qu’on luy, donnoit : ce qui fit enrager la Fée quand elle la vit ſi tranquille.

Il étoit vray qu’Uliciane avoit tiré le beau Nirée de l’Iſle funeſte, non pas pour un an, mais croyant le perdre pour toûjours, & c’étoit ſon deſſein. Elle le mena fort loin ; s’arrêtant entre des grandes montagnes, elle luy montra deux chemins : C’eſt icy, luy dit-elle, où nous devons nous ſeparer, choiſiſſez de ces deux chemins ; l’un mene dans le chemin de la nuit, & ſi vous le prenez, il faut remettre entre mes mains l’oreiller de Morphée : l’autre route eſt la carriere du jour ; ſi vous la ſuivez, vous m’apporterez un poil de la paupiere de l’œil du monde.

Le jeune Nirée ſoûrit amerement au commandement de la Fée. Demandez plûtôt ma mort, Madame, luy dit il, & donnez-la moy ſans tant de façons, & ſans vous amuſer à me commander des choſez inpoſſibles, Quel