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peu ſouvent ſa fille ; elle ne paroiſſoit que les jours de fêtes, & aux plaiſirs d’éclat. Bien des Rois la demanderent pour femme : mais on les refuſa toûjours. La Reine amuſoit le Roy, elle luy diſoit que le deſtin de ſa Couronne étoit attaché à celuy de ſa fille, elle luy faiſoit ainſi cent contes à dormir debout.

Une fois que le beau Nirée vint chez la jeune Pretintin, elle le vit triſte, & connut qu’il avoit pleuré : les traces de ſes larmes étoient encore ſur ſes belles jouës, ſemblables à la roſée qu’on voit le matin ſur les fleurs.

Qu’avez-vous, luy dit-elle avec un empreſſement naturel ? que vous eſt-il arrivé ? ne ſeriez vous pas heureux chez mon pere ? & vous manque-t-il quelque choſe ? Je vous vois, luy répondit-il, & je ſuis heureux tant que je vous vois. Et comment étes-vous quand vous ne me voyez pas ? Juſqu’icy luy dit-il, je penſois à vous quand je ne vous voyois pas, & j’étois toûjours content en y penſant : mais depuis quelques jours Arrogant me fait tous les ſoirs aller dans un lieu qu’on appelle l’Iſle funeſte ; j’y trouve un monſtre à combattre, je le vainc. On ne m’étonne point par ces