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MUSÉE ÉPIGRAPHIQUE
2me Colonne.

« Sans doute, par un nouvel usage, le divin Auguste mon grand oncle et Tibère César, mon oncle, ont voulu que toute la fleur des colonies et des municipes, c’est-à-dire que les hommes les meilleurs et les plus riches fussent admis dans cette assemblée. Mais quoi donc ? Est-ce qu’un sénateur italien n’est pas préférable à un sénateur provincial ? Ce que je pense sur ce point, je le montrerai, si cette partie de ma proposition comme censeur est approuvée ; mais je ne pense pas qu’on doit exclure du Sénat les habitants des provinces, s’ils peuvent lui faire honneur.

« Voici cette très illustre et puissante colonie des Viennois, qui depuis déjà longtemps envoie des sénateurs à cette assemblée. N’est-ce pas de cette colonie qu’est venu, parmi plusieurs, Lucius Vestinus, rare ornement de l’ordre équestre, pour qui j’ai une affection toute particulière et qu’en ce moment je retiens près de moi pour mes propres affaires ? Je vous en prie, honorez ses fils des premières fonctions du sacerdoce, pour qu’ils puissent, avec les années, avancer dans les dignités. Qu’il me soit permis de taire comme infâme le nom de ce voleur que je déteste, de ce prodige en palestrique, qui fit entrer le consulat dans sa maison avant même que sa colonie eut obtenu le droit entier de cité romaine. Je puis en dire autant de son frère, digne de pitié peut-être, mais devenu indigne par ce malheur de pouvoir être un sénateur en état de vous seconder. « Mais il est temps, Tibère César Germanicus, de découvrir aux Pères Conscrits à quoi tend ton discours, car déjà tu es parvenu aux extrèmes limites de la Gaule Narbonnaise.

« Tous ces jeunes hommes distingués sur qui je promène mes regards, vous ne regrettez pas davantage de les voir au nombre des sénateurs, que Persicus, homme de race noble et mon ami, ne regrette de lire sur les portraits de ses ancêtres le nom d’Allobrogique ! Si donc vous reconnaissez avec moi qu’il en est ainsi, que vous reste-t-il à désirer encore, si ce n’est que je vous fasse toucher du doigt que le sol lui-même, au-delà des limites de la province Narbonnaise, vous envoie des sénateurs, alors que nous n’avons pas à nous repentir de compter des Lyonnais parmi les membres de notre ordre ? C’est avec hésitation, il est vrai, Pères Conscrits, que je suis sorti des limites provinciales qui vous sont connues et familières ; mais il est temps de plaider ouvertement la cause de la Gaule chevelue. Si l’on m’objecte cette guerre qu’elle a soutenue pendant dix ans contre le divin Jules, j’opposerai cent années d’une fidélité invio-