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les quatre fils aymon

échangeant avec lui menaces et insultes. Si l’on accepte que les trouvères aient confondu Valence et Avignon et formé ainsi l’hybride Valençon ou Balençon[1], l’on aura dans le récit que nous avons résumé et le cadre primitif et les éléments essentiels. Renaud tient la place de Gondovald plutôt que de Mummolus, mais cette simplification était inévitable, et il reproche à son adversaire d’avoir trahi la confiance qu’il avait en lui.

Gonthramn continua à assiéger Avignon avec l’armée du roi Gonthramn, mais Childebert envoya un de ses ducs qui fit lever le siège et emmena Mummolus en Auvergne avec lui[2]. Il faut abréger. Le prétendant passa le Rhône, se fit reconnaître pour roi à Brives[3] et il se préparait à marcher sur Poitiers, quand il apprit qu’une armée s’avançait à sa rencontre. Il revient sur Angoulême et Périgueux[4], recule jusqu’à Toulouse[5], se rend à Bordeaux où il avait l’amitié de l’évêque Bertchramn[6]. L’armée du roi Gonthramn arrivait sur la Dordogne[7]. Le prétendant adresse alors au roi Gonthramn deux ambassadeurs, portant des rameaux bénis, « comme c’est l’usage des Francs ». Ils sont torturés et finissent par avouer que les principaux leudes de Childebert étaient d’accord avec Gondovald[8]. Ce traitement cruel infligé à des

  1. L’on a la forme Valençon p. 213, v. 26 ; p. 285, v. 18.
  2. Gregor. Turon. VI, 26.
  3. Id. VII, 10.
  4. Id. VII. 26.
  5. Id. VII, 27. L’évêque de Toulouse n’ayant pas voulu se rallier à Gondovald, Mummolus et Desiderius le souffletèrent, le chargèrent de coups et le chassèrent de la ville. Ces violences envers le clergé, si fréquentes dans Grégoire de Tours, ont leur écho dans les Fils Aymon, soit qu’Aymes reproche à ses fils de ne pas piller les abbayes, soit que Roland et Olivier brutalisent les moines qui ont donné asile au roi Yon.
  6. Gregor. Turon. VII, 31. Cet évêque, parent des rois par sa mère Ingheltrude, unissait le luxe et les raffinements des Gallo-Romains à la débauche germanique. Fortunat lui a adressé des vers. V. le portrait qu’en trace Aug. Thierry, Quatrième Récit, t. II, p. 124.
  7. Gregor. Turon. VII, 28.
  8. Id. VII, 32. Le roi Gonthramn voulut mettre à profit les relations qu’il supposait entre Gondovald et Brunehilde ; il écrivit une lettre au nom de celle-ci et l’adressa au prétendant : la reine l’engageait à quitter son armée et à venir passer l’hiver près de Bordeaux. Il espérait ainsi savoir quelles étaient les intentions de Gondovald. VII, 34.