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les quatre fils aymon

en Gaule pour livrer les Franks à la domination impériale. Le prétendant dut se réfugier dans une île, laissant derrière lui ses trésors. Gonthramn-Bose les partage avec un chef du roi Gonthramn et revient en Auvergne[1]. De là il se rendait auprès du roi Childebert avec sa femme et ses enfants, quand il fut arrêté par l’ordre du roi Gonthramn. Celui-ci voyait en lui le promoteur de l’entreprise de Gondovald ; le Bose rejetait le tort sur Mummolus qui avait reçu le prétendant et promettait de remettre aux mains du roi le général infidèle. Le roi, qui était décidé à le punir de mort, accepta cependant sa proposition en gardant un de ses fils pour ôtage[2].

Gonthramn-Bose aimait ses enfants et voulut tenir sa promesse. Il réunit une petite armée en Auvergne et dans le Velay et se dirige sur Avignon. Le rusé Mummolus avait laissé dans le fleuve de mauvaises barques. Ceux des hommes de Gonthramn qui s’y risquèrent furent engloutis. Cependant Gonthramn, avec le reste, arriva sous les murs de la ville. Mummolus avait fait creuser des fossés larges et profonds du côté où Avignon n’est pas protégé par le Rhône, et l’eau du fleuve y coulait. Quand Gonthramn fut à portée de voix, Mummolus dit du haut du mur : « S’il est de bonne foi, qu’il se tienne sur le bord du fossé et moi je serai de l’autre. Il pourra me parler librement. » Lorsqu’ils furent l’un en face de l’autre, Gonthramn demanda d’être autorisé à passer de l’autre côté pour que leur entretien fût secret. « Viens, répondit Mummolus, ne crains pas. » Gonthramn entre hardiment dans l’eau avec un de ses amis, mais celui-ci quand le fond leur manqua, alourdi par sa cuirasse, disparut et se noya. Gonthramn surnageait et était emporté par le courant. Un des siens lui tendit sa lance et le ramena à terre. Mummolus et lui échangèrent des injures et se séparèrent[3].

Tous les lecteurs des Fils Aymon se sont demandé ce que pouvait être ce gué de Balencon près duquel se livrent tant de combats et que, dans sa lutte homérique avec Renaud, Ogier passe et repasse, prêtant à la plaisanterie de son cousin,

  1. Gregor. Turon. VI, 24.
  2. Gregor. Turon. VI, 26.
  3. Gregor. Turon. VI, 26.