Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/69

Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
les quatre fils aymon

venir des victoires de Toulouse et de Poitiers s’est conservé dans l’histoire des Fils Aymon.

Je suis obligé, pour la clarté, de reprendre les faits d’un peu plus haut.

Charles venait de s’échapper de la prison de Plectrude, la veuve de son père. Les Neustriens, conduits par leur roi Chilpéric et Ragenfred, son maire du palais, envahissaient l’Austrasie par l’Ouest pendant que leur allié, Ratbod, le duc païen des Frisons, l’envahissait par le Nord. Charles, autour duquel un parti s’était formé, voulut arrêter Ratbod, mais fut battu et rejeté dans l’Ardenne. Chilpéric et Ragenfred marchèrent sur Cologne, et Plectrude, pour empêcher la prise de la ville, dut leur livrer ses trésors et reconnaître la royauté de Chilpéric. Celui-ci revenait en Neustrie, quand, à Amblève, près de Malmédy, à l’entrée de la forêt des Ardennes, il fut surpris et battu par Charles. L’annaliste de Metz donne de cette affaire un récit qui semble une page détachée d’une Chanson de Geste. Une grande armée couvrait la plaine où est située Amblève. À l’heure du repas l’armée de Chilpéric se reposait, comme la saison d’été l’y invitait, dans ses tentes et sous les ombrages. Pendant que Charles, du sommet d’une hauteur voisine, contemplait ce spectacle, un de ses guerriers vient à lui et le prie de lui permettre de s’élancer seul sur les

    Charles Martel, et que le roi Ys n’est autre que le roi Eudes d’Aquitaine, a eu raison de dire que l’opinion de Paulin Paris doit être complètement abandonnée. M. Pio Rajna estime qu’il y a lieu de reconnaître, dans les idées de Paulin Paris, un fond de vérité : « La phase Ardennaise, comparée avec l’Aquitaine, peut vraiment prétendre à une plus grande antiquité, non par les raisons que P. Paris exprime, mais pour d’autres qu’il avait, on le comprend, au fond de sa pensée. L’ordonnance elle-même du récit, les faits qui le constituent, les caractères, les sentiments, ont une empreinte plus primitive. Et j’ajouterai que les lieux mêmes où est placée l’action ont pour moi beaucoup de valeur ; les Ardennes étaient familières à l’épopée avant que celle-ci eût mis le pied en Aquitaine. Qu’importe que la phase Aquitaine remonte au temps de Charles Martel ? Il en résultera simplement que l’autre phase, que le protagoniste s’appelât alors Renaud ou autrement, remonte encore plus haut, jusqu’à pénétrer dans le cycle mérovingien. » Origini dell’Epopea francese, p. 293-294. On verra que je prends une position intermédiaire, et que, d’après moi, l’épisode des Ardennes a un fond mérovingien sur lequel s’est greffée une partie de l’histoire poétique de Charles Martel.