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les quatre fils aymon

Le pélerinage est conté de manière indépendante, mais indique la connaissance de L. L’auteur ne procède donc pas du manuscrit français de Venise, qui a l’enlèvement de Charlot tout comme B C, mais d’un manuscrit de la famille A P, forme intermédiaire entre L et B C V.

L’importance des Fils Aymon dans la littérature épique est telle qu’il vaut mieux ne pas en traiter incidemment. Que l’on me permette de renvoyer à ce que j’en ai dit ailleurs à propos du Rinaldo da Montalbano[1]. L’on y trouvera tout au moins une partie des vues de M. Rajna sur la question. C’est encore à M. Rajna que l’on doit la découverte d’un poème du Moyen-Âge, qu’il a intitulé Orlando et dont Pulci a tiré son chef-d’œuvre, le Morgante, où Renaud a un rôle si important. Boiardo et Arioste, en faisant une place d’honneur aux Fils Aymon et à Maugis, se conformaient également à la tradition du Moyen-Âge. À leur tour ils eurent des imitateurs nombreux. La longue liste de toutes ces compositions se termine dans Melzi-Tosi par deux poèmes comiques : le Ricciardetto de Carteromaco (Nicolò Forteguerri), Paris (Venise), 1738, et le Ricciardetto ammogliato de Luigi Tadini, Crema, 1803. Renaud, comme l’a si bien dit M. Rajna, est vraiment le protagoniste de l’épopée chevaleresque italienne.

  1. 1 V. Pio Rajna, Rinaldo da Montalbano, Propugnatore, III, 1 : 215 ; 2 : 58, et tirage à part (Bologna, 1870). Le roman en prose a été conservé dans deux manuscrits de la Laurentienne, cotés, l’un XLII, 37 ; l’autre LXXXIX, 64. Le premier a été achevé le 15 avril 1506. Il contient cinq livres. Le second semble de la fin du XVe siècle ou du commencement du XVIe. Il contient seulement les trois premiers livres du précédent. Le poème se trouve dans un manuscrit de la Palatine (E, 5, 4, 46). Il est divisé en cinquante-un chants, comprenant en tout 2038 octaves. Le manuscrit paraît dater du milieu du XVe siècle. Le copiste a laissé en blanc beaucoup de mots et même des vers entiers. M. Rajna est convaincu que tous les romans italiens en vers où il s’agit de Renaud, dérivent du texte de la Palatine. — J’ai mis en partie à profit les renseignements si variés et si nouveaux et les aperçus si suggestifs de l’éminent historien et critique dans le chapitre VI de mes Recherches intitulé : Rinaldo da Montalbano. R. des Lang. Rom. 1886, t. XXX, p. 163-206 ; tirage à part, p. 183-226. V. surtout la longue citation qui termine le chapitre. — Je rappelle en outre que, dans ses articles sur les versions italiennes d’Ogier le Danois (Romania, II, III, IV), M. Rajna a eu encore l’occasion de parler de la transformation de la légende de Renaud en Italie.