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les quatre fils aymon

arbitrairement d’après des versions françaises de date différente et plus ou moins bien sues. Les trois frères délivrés par Maugis sont empruntés à la version B C V ; mais le compilateur néerlandais place là une partie de l’épisode où Maugis endort Charlemagne et lui enlève son épée. Dans l’expédition de Roland, le roi des Saxons est dit Corsaud, altération d’Escorfaud. Dans les préliminaires de la course à Paris, tels que les donne la version B C, Renaud, instruit par Maugis, trompe la vigilance des barons de Charlemagne qui ont été chargés de le prendre, s’il veut entrer dans la ville : il doit répondre en breton aux questions qui lui seront faites. Il en est de même dans le texte néerlandais, et dans le Reinolt, l’auteur rapportant sa réponse à Fauques de Morhyon (Morillon) dit en effet qu’il s’est exprimé en breton. Fauques lui répond : Frund, sprick franzois oder pickardie : Ami, parle français ou picard. — Quand Maugis et Renaud vont entrer dans Paris, un ribaud, du nom de Tybalt, dit qu’il reconnaît Renaud, Bayard tue l’indiscret d’un coup de pied. Cela est encore emprunté aux versions B C. Quant à Jérusalem, les Turcs finissent par se rendre, ils touchent leurs dents : Sie Klopfften all an ir Zande ; Noch ist die truwe in irem Lande, Die sie halten, die Sarazinen (Reinolt, v. 14.382 suiv.). Cet usage est mentionné dans le ms. 764 et dans le Maugis d’Aigremont. L’on a vu déjà que pour la mort de Renaud, le Renout et le Reinolt connaissent la version C. La conquête des clous de la croix et de la couronne d’épines qu’Aymon aurait faite au profit de Charlemagne, est l’attribution au père de ce que le fils réalise, au prix de longues épreuves, dans la version du ms. 764.

On dit à propos du nom de la capitale de Saforet : « Les trois textes hollandais la nomment Aquitaine, et on sait que de tout temps le royaume d’Yon a porté ce nom. Il est vrai que de nom de pays, le mot est devenu nom de ville, mais on ne le trouve nulle part ailleurs, ce qui prouve qu’on ne peut pas le considérer comme traditionnel, comme tant d’autres noms de ville et qu’il a le droit de figurer justement dans ce passage[1] ». Ce raisonnement vaudrait peut-être, si dans Tur-

  1. Loke, op. l., p. 105.