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les quatre fils aymon

le lieu est précisément le Midi. Laissons même de côté mon hypothèse : on conçoit fort bien un poème des Fils Aymon où Ys de Bordeaux n’aurait point figuré, et c’est d’un tel poème que la Saga s’est inspirée.

M. Jordan donne, d’après M. Suchier, les rapports de la Saga et des Fils Aymon : « L’introduction du Beuve d’Aigremont fait défaut. On retrouve les faits principaux : la scène du jeu d’échecs, le combat autour du château, les deux voyages de Maugis à la cour pour délivrer ses cousins (dans le texte français), la seconde fois, c’est Maugis qui est le prisonnier ».

Le jugement développé que G. Paris a porté sur cette composition étrange, barbare dans tous les sens du terme, ne saurait être contesté pour l’ensemble. On trouve de tout dans la Saga de Magus et de Geirard, même des traces de la scène des Gabs, le conte d’où Shakespeare a tiré sa comédie, All’s well that ends well, un conte d’origine orientale sur lequel G. Paris renvoie à la note de R. Kœhler aux Contes Siciliens de Mlle  Gonzenbach (n. 1).

Dans les Pays-Bas, au XIIIme siècle, les Fils Aymon furent traduits en vers. Du Renout il reste seulement 2000 vers dont la dernière édition (1875) est due à M. Matthes. Ce poème à son tour fut traduit en allemand vers 1474. L’on possède à Heidelberg deux manuscrits de cette traduction qui comprend 15,388 vers et qui a été publiée par M. Pfaff en 1885 dans la Bibliothèque de l’Association Littéraire de Stuttgard sous le titre de Reinolt von Montalban.

De même époque, semble-t il, que le Reinolt de Heidelberg ou de date un peu antérieure, est un roman en prose écrit dans le dialecte de Cologne, Historie van sent Reinolt. « L’auteur ne s’est pas borné à suivre le Renout néerlandais qui raconte trop brièvement le moniage du héros, il a consulté en outre deux légendes latines consacrées à Renaud : Vita sancti Reynoldi (en vers) et la légende des Acta sanctorum (en prose) qui remontent toutes les deux au treizième siècle. L’histoire de sent Reinolt a été faite probablement pour être lue dans l’église aux occasions solennelles. C’est ce que prouve une charte du 9 octobre 1482 qui ordonne qu’aux premières vêpres de l’Épiphanie on fera la lecture de la vie du saint martyr. Le Renout néerlandais fut mis en prose probable-