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les quatre fils aymon

de son branc Renaud sur le heaume. Renaud reste étourdi par la force du coup qui a tranché le cercle d’acier du heaume. Il a honte et veut riposter, mais l’enchanteur a revêtu sa cape, est devenu invisible. Berfuné porte deux coups à Renaud qui ne peut que tourner en tenant son épée tendue. — Cependant les chrétiens étaient sur les murs. Richier demande où est Renaud. Supposant qu’il est allé dormir, il rentre au palais en le taxant de négligence, car l’on entend les trompettes des païens. — Il entre dans la chambre et voit seulement Renaud qui, les dents serrées, s’escrimait l’épée tendue. Il supplié Dieu de lui rendre la raison.

F° 138. — Il lui adresse la parole. Renaud le prie de s’écarter. Il recule. Berfuné le frappe. Richier croit que c’est Renaud et se hâte de sortir de la chambre. Mais Renaud le rappelle doucement, lui dit qu’il ne l’a pas frappé. C’est un nain puant. Richier n’a qu’à tirer son épée et à frapper autour de lui. Berfuné évitait les coups et les rendait. Baptamur vient avertir que les païens attaquent ; il voit les deux chevaliers qui s’escriment tout essoufflés, et reçoit à son tour un horion. — Berfuné leur demande sureté : il contera sa raison. Il ôte sa cape et devient visible.

F° 139. — Mais Baptamur veut qu’on le tue. Aussitôt Berfuné reprend sa cape et les frappe tous les trois. Renaud implore Dieu. Alors les quatre Fées, protectrices de Berfuné, entrent dans la chambre :

Devant fu Oriande qui tant ot courtoisie.

Elle rappelle qu’elle a élevé Maugis. Elles prennent des bâtons et toutes les quatre châtient Berfuné qui s’agenouille et demande pardon. Genièvre (Genouivre) lui reproche d’avoir employé ses talents contre les chrétiens et contre le meilleur vassal de la chrétienté. Morgue, leur aînée, et Ydain sont d’accord pour exiger qu’il quitte sa loi et suive sa destinée. Il s’agenouille et rend son épée à Renaud. — Sans Berfuné, Renaud n’eût pas conquis et maté les païens.

L’auteur s’est ingénié à constituer à Renaud tout un personnel d’alliés. Maugis lui-même est remplacé. La cape dont se couvre le nain est empruntée au fils de Beuves, mais il n’est lui-même qu’une contre-façon d’Auberon. Renaud,