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les quatre fils aymon

Li mas fu de gaiet ouvré par grant maistrie,
Les cordes sont de soie gracieuse et jolie.
Berfuné y entra, a grant chevalerie ;
Son mantel invisible aussi n’oublia mie.
Nobles fu le mantiaux, il vient de Faërie ;
Quant li rois l’a viestu, il n’est nulz hons en vie
Qui le puisse veïr en bataille aramie.
Pour che fist a Regnault mainte fiere estourmie
Et moult li fist d’anoy, de painne et de hasquie,
Aussi que vous orez se ma vois est oïe.

Le vent les force à débarquer dans un port à trois lieues d’Angorie.

Je diray de Regnault le noble bacheler.

Quand tous ont fait leurs dévotions aux reliques, ils montent « aux haux murs » de la tour. Du côte de la mer, ils voient arriver le renfort des païens. Renaud décide de les arrêter au passage.

Et dist li uns a l’autre : Trop poons sejourner.
.vi. jours a que n’isimes pour païens encontrer.
Alons a che matin g[a]aignier no disner.

F° 130. — On laisse à la porte Gloriant et Dragon. Dix mille hommes sortent ; six mille restent pour garder le château qui aurait pu contenir trente-deux mille barons. Josep reconnaît la bannière de Berfuné « d’Arabe qui cuer a de lyon ».

Quant il est en bataille, mie ne le voit on.
Il se fait invisible. C’est par fait de Noiron,
Car il a une cappe et un grant caperon ;
Quant il l’a afublé, ja ne vous mentiron,
5.Il n’est nulz qui puist veir sen corps ne se fachon.
Pour che, le vous dy, sire, et a tous environ
Que [vous] n’ostes vo heaume en le grande tenchon
Pour caleur ne sueur ne pour aultre besong,
Car s’adonc vous veoit le glout par tel coron,
10.Il vous poroit ferir tel cop en traïson
Qu’il vous pourfenderoit le chief et le menton.

Josep continue à faire connaître Berfuné. Renaud dit qu’il aurait « bon mestier » de son cousin Maugis. — On sonne