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les quatre fils aymon

Cependant Renaud voyageait, rebuté par tout le monde. Il rencontre le « collier » à qui il avait fait l’aumône et qui gagnait sa vie en préparant la terre dont « on segnie brebis ». Le collier partage son pain avec Renaud et consent à l’accompagner en pays étranger.

F° 73. — Ils partent, Renaud devenant le subordonné du collier. Ils vont de ville en ville : « On leur donne pour Dieu et du pain et des pois ».

Renaud mangerait davantage : « De famine et de painne devint velus et noirs ». Le collier l’encourage à mendier. Renaud implore un bourgeois qui, voyant qu’il n’avait pas l’habitude de ce métier, lui donne largement pain, chair et argent :

Regnault mont humblement de Dieu le merchioit,
Puis revient au collier et ses biens li monstroit.
Par foi, dist il, conpains, mes cors bien le savoit,
Et se fussies piesse ordonné en ce ploit,
5.Point n’eüssies heü tant de fain ne de froit ;
Mais ja sans demander on ne l’aporteroit.
Ne fault a tel ouvrage c’uns bons honteux y soit,
Et si fault a .i. huis, a ung aultre s’en voit.
Il n’est si bon mestier qui le scest faire adroit.
10.Aussy ont par la terre demené leur conroit
Jusqu’au port a Brandis là ou la gent passoit.
La entrerent en mer quant le vent bon estoit.
Or sont entré en mer les pelerins droit là,
Renaut et le collier qui amour li monstra.
15.Tant servent le patron que pour Dieu les passa.
Et droitement a Acre leur vassel arriva.

À Acre le collier quitte Renaud et part pour Damas. Renaud loge chez un bourgeois appelé Joserent.
F° 74. Quand Renaud part, le bourgeois lui offre quatre besants qu’il refuse. Il va au palais, s’y couche sur un perron de marbre, s’y endort et contracte ainsi des douleurs qui l’empêchent de remuer. Le bourgeois le reprend chez lui : sa maladie est la lèpre (mézelerie). Il répand une telle puanteur que sauf le bourgeois, personne n’ose approcher de lui. Sur sa