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les quatre fils aymon

route. Mais Renaud répond qu’il a fait du mal à bien des hommes et à l’empereur lui-même et qu’il est résolu à faire pénitence. On croyait qu’il attendrait un an, mais l’on se trompait. — On tenait cour ouverte et Renaud servait l’empereur à table.

Regnault li nobles hons mont bien les onnoura,
Se jour servy le foy et bien le festia ;
Sa femme et ses enfans mont souvent regarda
Et ces freres tous .iii. que loyaulment amma ;
5.Mais bien cest que par temps il les couroucera.
Quant vient apres diner, chacun [s’]esbatre ala,
Et Regnaut le gentilz en par lui souppira.
As fenestres s’acoute, devant lui regarda.
Atant est un collier qui a lui se monstra
10.En guise de paumier, car l’abit apourta.
Regnault vit as fenestres, adonc s’agenoulla
Et li dist : Gentilz sire, pour Dieu qui tout crea,
Donnez moi vostre amosne et vo cors partira
A la grande penance que le mien corps fera
15.En alant ou Sepulcre ou me vouay piécha.
Et quant Regnault l’oït, a ce main l’acena,
Amont le fist monter, a-sse gent commanda
C’on li donne a mengier ; et la table, on drecha,
Et le bon duc Regnault a mengier li trencha,
20.Noblement le servi, et puis si li donna
Un besant de fin or qui depuis li vaudra,
Aussi quant vous orrez, qui taire se vouldra,
Car oncquez en sa vie argent mieux n’enploya.
Mont fu liés li paumiers et mont reconfortés.
25.Quant ot mengié et but, de table s’est levés,
Congié prinst a Regnault et puis s’en est alés ;
Mais li histoire dist qu’ains qu’il fust anuités
Perdi tout son avoir et le jua a dés.
Le pain va demandant et c’est acheminés.
30.Or diray de Regnault qui mont fu trespensés.
En une chambre entra et c’est agenouillés,
A Dieu faist sa requeste qu’il ne soit ravisés.
Son visage taindi, ses bras a desmués,