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les quatre fils aymon

écrit sur parchemin, à deux colonnes, réglé à 61 lignes. Il contient la plupart des poèmes de la geste de Doon de Mayence, c’est-à-dire : Doon de Maience, Gaufrei, Ogier de Dannemarche, Gui de Nantueil, Maugis d’Aigremont, Vivien l’Amachour de Monbranc, les Fils Aymon. Ces trois derniers poèmes, qui forment le cycle des Fils Aymon, sont extrêmement abrégés par le copiste. Le Maugis est réduit de près de moitié ; pour le Vivien (1099 vers) dont il donne le seul texte connu, on sent çà et là que les couplets sont écourtés. Il en est de même pour les Fils Aymon où le copiste, fatigué sans doute de son interminable tâche (le volume contient près de 55.000 vers), a supprimé environ le quart du texte qu’il reproduisait. Le manuscrit est d’ailleurs incomplet. Il s’arrête à un moment du pèlerinage de Renaud. Le folio 225, devenu le dernier, a souffert beaucoup, et le verso est tout à fait illisible. On désigne ce manuscrit par la lettre M, on le croit du XIVe siècle. Il est écrit en dialecte picard comme B.

Au feuillet 178, recto A, après l’explicit du Vivien l’on a : Chi commenche le rommans dez .IIII. fix Aymon.

Le Beuves d’Aigremont, conforme, sauf les oublis ou les suppressions arbitraires, à la version de l’Arsenal et de Peter-House, s’en sépare vers la fin par un essai de relier étroitement cette première partie et l’histoire proprement dite des Fils Aymon. Suivant les conseils de la duchesse Marguerie (et non plus Aye), Aymes et ses fils n’ont pas pris part à la guerre que Doon de Nanteuil et Girard de Roussillon ont faite à l’empereur. Charles est resté bien disposé pour les jeunes gens qu’il avait adoubés chevaliers avant que l’on sût la mort de Lohier, et il offre spontanément de les honorer :

Dus Aymez, dist le roi, moult par estez prendom,
Je vous aim loialment, de verté le dison.
Je donrai a vos fix moult bele pension.
Je ferai senescal de Renaut le baron,
Aalart et Guichart porteront le dragon,
Et Richart portera mon estourin faucon.

Mais Aymes rappelle la mort de son frère Beuves, et Renaud intervient avec violence.

Sire, chen dist Renaut, qui fu li graindrez hom,
Chevalier nous feïstez, neer ne le povon ;