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les quatre fils aymon

parenté. C’est Escoz[1] de Morillon qui perce Beuves d’un coup d’épieu.

Et Garins (corr. Grifes) d’Autefueille fu adonc remontés
Quant vit le duc Buevon qu’il est à mort navrez.
Et li dus s’en torna a une part dou pré,
Contre Oriant se couche, si a Dieu reclamé :
Gloriex sire pere, aiez de moy pitié.
A ! biau fiz [A] maugis, Dieu te croisse bonté,
Qu’ancore puissez fere Charlemaigne iré.
Puis a pris .I. poil d’erbe lés lui enmi le pré,
De sa main le saingna, de par Dieu l’a usé,
Ou non de Jhesu Crist qui le mont a formé.

On apprend à Aigremont la nouvelle de la mort de Beuves. La duchesse se désespère, mais son fils Maugis compte sur le secours de Gérard de Roussillon, de Doon et de Garnier de Nanteuil, d’Aymes et de ses quatre fils. C’est ce Maugis qui, plus tard, porta Charlemagne endormi à Montauban. Sa mère l’envoie aussitôt à Girard de Roussillon. Il les trouve à Dijon avec Doon de Nanteuil et leur armée. Ils entrent en France et saccagent tout jusqu’à Troyes. Là est placé le récit de la guerre ; elle commence quand Charles vient de recevoir et de gratifier les traîtres. Après la bataille, Fouques va demander la paix de la part de Girard. Aux fêtes qui suivirent, Aymes, ses quatre fils et Maugis viennent à la cour. La Chanson, proprement dite des Fils Aymon commence :

Signors, or antendés, que Diex vous beneïe.
Ce fu a Penthecoste, une feste jolie
Que les herbez sont vers et la rose espannie.

Après avoir été frappé par Bertholas, Renaud se plaint que ce neveu de l’empereur ait brisé la paix que l’on avait conclue ; si cette injure n’est pas châtiée, il demandera compte au roi de la mort de Beuves. Charlemagne l’insulte, mais ne le frappe point. Après le combat dans le palais, les Fils Aymon sont poursuivis jusqu’à Senlis. Les chevaux sont épuisés, hors

  1. L’on a le vrai nom quelques vers plus haut : « Atant é vous poingnant son compaingnon Hardré, Forques de Morillon et Morant le desvet, Sanson et Berangers et tout le paranté. »