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les quatre fils aymon

Le portier ne les laisse entrer qu’après avoir consulté le duc. Les gens de la ville admirent fort Lohier et sa suite.

Signors, ce fu an mai au bel commencemennt
Que chante la mauvis et li jais ancement
Dedans le bois ramé por panre esbatement,
Et maintienent amor damaisel de jovant,
Pucelles et vallez se vont entrebaisent ;
Et le filz Charlemaigne entra ou mandement :
Et cil trova la sale plainne de bonne gent.
Le duc se cist au doit moult orguilleusement,
Vestu fu d’un dyapre tout cousu a argent,
En sa main .I. baston qui vailloit .I. besant
Et parloit a sa gent bel et cortoisement.
Il resemble bien homme qui ait grant tenement.
Oncques Diex ne fit homme de si grant hardement.
Sa moillier ciest lez lui que il aimme forment,
Et Amangis son fil que il paramoit tant.
Il avait bien .XVI. ans par le mien esciant,
Il harpe et [si vielle, assez sot d’estrument,
Et de l’art de Tolete sot il d’enchantement][1].
C’est ciz qui ambla Charle par devent Montaubain
Et porta a Regnaut qui yere ces parans
Et le rendi prison, bien le veïrent cent ;
Et tant fist ciz Maugis ains qu’il fut trespassant,
Regnaut fit acorder à Charle le vaillant[2].

Le discours de Lohier est plus mesuré que dans L. Il est parlé de Maugis, l’enfant de Beuves, et de la guerre de Soissonne où périt Baudouin. Un des hommes de Beuves, Gautier de Mont-Cenis, conseille au duc de laisser parler Lohier et de remplir son devoir envers Charlemagne : « Qui son signor guerroie, il en pert Dame Dé. » Mais Beuves s’obstine et fait attaquer le fils du roi. La « gent de la commune » prend part au combat. Beuves s’arme et

Tant ocit de roiaus de France la loée
Que puis en fu la terre essilie et gastée
Et puis en refu France et Bergoigne gasté[e]

  1. Sic, Peter-House ; Arsenal : « Et viele mont joliestement, Et de l’art de Touleste sait il notreement. »
  2. Peter-House : « Fist apesier à K. le poissant ».