Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
126
les quatre fils aymon

scribe paraît dominé par la nécessité de faire entrer dans un nombre de feuillets limité une version dont il n’avait pas prévu exactement l’étendue. Cette série va dans l’édition Michelant de la page 96 à la page 226, et comprend le départ des Fils Aymon de Dordonne, leur rencontre avec Maugis, leur séjour auprès du roi Ys, la trahison de celui-ci, le combat à Vaucouleurs, et s’arrête au milieu du discours que les chevaliers du roi Ys adressent à Renaud pour obtenir de lui qu’il vienne au secours de son beau-frère, leur roi. Or, nous verrons que les manuscrits présentent, pour ce qui précède le départ des Fils Aymon pour Vaucouleurs, des différences très notables. On pouvait hésiter entre les diverses formes du récit. Mais cette remarque aurait pour conséquence d’amoindrir ici l’autorité du manuscrit La Vallière, puisque celui qui présidait au travail du scribe a pu être guidé, dans son choix, par d’autres considérations que celle de conserver le texte le plus ancien ;

3o À partir du feuillet 25, l’écriture du début reprend, très reconnaissable. Elle s’arrête avec le feuillet 38. À cet endroit (Michelant, p. 359, v. 20), les défenseurs de Montauban ont épuisé leurs ressources. Dans ce qui précède, plusieurs manuscrits racontent tout autrement ce qui se passa à Montauban, quand Maugis y eut apporté Charlemagne endormi ;

4o Une partie vraiment distincte commence au feuillet 39. L’écriture est de date plus récente, le texte présente des caractères particuliers, la page est réglée jusqu’à la fin à soixante-cinq lignes. Les premiers vers de la colonne A, recto, continuent bien la laisse commencée au feuillet 38, verso B. Je les reproduis :

En trestot lo chastel n’ot joie ne leece.
La duchose les vit, en plorant s’i adrece ;
Adonc maudit son frere cui ele tient acrece.
Le cors Dex a juré, a cui ele s’adrece,
Se Jhesus tant l’amoit, par sa grande leece,
Que elle eüst vitaille a la soe largece,
N’en mangeroit jamais, ains moroit à destrece[1].

Cette seconde partie a été écrite avec l’intention de compléter la première, soit que celle-ci eût perdu les feuillets de la

  1. Mich., p. 359, v. 20 sq.