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les quatre fils aymon

une version, s’explique aisément : entre les formes multiples que prenaient les diverses branches en se constituant, il a pu s’en trouver où le rôle de Maugis-Gonthramn était omis parce qu’en effet il était moins important qu’ailleurs. Il est possible que Gonthramn, partant avec Merovig de la basilique où tous deux s’étaient réfugiés, soit une première forme de Maugis délivrant ses cousins ; mais l’introduction de la légende de Charles créait en ce point une sorte de désordre, et la réminiscence de son départ de la prison de Plectrude a pu ne pas s’imposer assez pour amener dans l’esprit de certains trouvères la fusion des deux motifs légendaires. Il n’en reste pas moins vrai, au milieu de ces obscurités, que presque toutes les versions associent de très bonne heure Maugis à l’action et que toutes reconnaissent son intervention constante dès que le lieu de l’action est dans le Midi, là où s’est déroulé le drame de la révolte de Gondovald, drame dont Gonthramn-Bose fut regardé comme le principal acteur après le prétendant.

Cette hypothèse rendrait compte d’un fait que rien n’explique dans les Fils Aymon, la rancune que le roi garde pour Maugis. Il est, à ses yeux, plus coupable que Renaud lui-même.

De tous les éléments qui paraissaient former le caractère de Gonthramn, un seul aurait survécu dans le poème, l’amitié fidèle qu’on lui attribuait pour Gondovald. De ses méfaits nombreux, il aurait gardé la qualification de « lerre » et aurait substitué à son surnom historique un nom emprunté au monde de la féerie. Ainsi transformé, il a une place toute naturelle dans la légende des Fils Aymon, et la pensée de le rattacher à Bobo, d’en faire un fils de Beuves d’Aigremont est motivée par la part qu’il avait prise à la mort de Théodebert et de Mérovig, frères de Chlodovig, de la victime de Bobo. Mais le trouvère a idéalisé le caractère. « Alias bonus », dit de lui Grégoire de Tours[1]. Il avait donc quelque attrait pour que le

  1. Le texte de Grégoire est ici contradictoire : Guntchramnus vero alias sane bonus. Nam ad perjuria nimium præparatus erat : verumtamen nulli amicorum sacramentum dedit quod non protinus omisisset. V. 14. Après verumtamen, on attend à la fin de la phrase un mot exprimant que Gonthramn tenait les promesses faites à ses amis, tel que effecisset ou exsolveret. On pourrait supprimer non protinus.