Page:Castets - La Chanson des quatre fils Aymon, 1909.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
les quatre fils aymon

jours diminuant à partir du point où Maugis disparaît de l’action : c’est invention pure et pauvre, ou répétition de scènes connues. De ces quatre parties, la dernière seule est reproduite dans les manuscrits d’après un texte à peu près identique en faisant une réserve pour le ms. 766. Dans les trois autres, les différences sont nombreuses, parfois vont du tout au tout.

L’on a relevé dans le texte sur lequel s’appuie cette étude, des contradictions de détail, l’interpolation d’un long passage inutile (Michelant, p. 137, v. 25–138, v. 18). À tel endroit il est tenu compte de la fin du poème ! le héros est dit « saint Renaut » et il est parlé de la châsse (fiertre) où les restes du chevalier martyr étaient conservés et honorés à Trémoigne. Ailleurs il faut sûrement lire Vivians d’Aigremont[1], nom du

    où la légende place le meurtre de Renaud. Depuis lors, la fête de Renaud est célébrée tous les ans, le dimanche qui suit le 7 janvier, dans l’église paroissiale de Saint-Maurice. L’église de Renaud à Dortmund, le Tremoigne de la Chanson de geste, date dans ses plus anciennes parties de la fin du XIIe siècle. Elle a été élevée à l’endroit où l’on supposait que s’était arrêté de lui-même le char qui portait le corps de Renaud.

    L’église de Renaud à Dortmund possédait ses restes dans un cercueil d’argent, la « fiertre » du poème. Le crâne était conservé, dans une châsse particulière en forme de tête. L’empereur Charles IV, en 1377, son épouse Elisabeth, l’année suivante, vinrent à Dortmund et obtinrent des parties des reliques. Elles se trouvent, probablement aujourd’hui, à Prague, au Hradschin, car elles étaient de ces reliques de Karlstein qui y ont été transportées et sur le catalogue desquelles elles étaient inscrites en 1515 : Reinoldi ducis de Monte Albano brachia duo, quodlibet eorum in argentea theca intra vitrum. L’église de Saint-Renaud à Dortmund existe encore, mais affectée au culte évangélique depuis la Paix de Westphalie. En 1792, il y eut une grande famine, et l’on finit par vendre on ne sait à qui, pour la somme de 830 thalers, la châsse d’argent qui contenait les reliques de Renaud de Montauban. O seclum insipiens atque inficetum ! Le Musée de Dortmund possède un gantelet de fer attribué à Renaud, et un fer à cheval attribué à Bayard : il a plus d’un pied de large. M. Pfaff suppose que c’est une vieille enseigne de maréchal-ferrant.

  1. Michelant (p. 215, v. 24) a lu et imprimé : « Unnaus d’Aigremont fu mes prociens cousins ». L’Arsenal et le ms. 775 donnent : Viviens d’Aigremont. Montpellier remplace par « de Monbranc ». Peter-House donne : Et Viviens li preus. En fait, je crois lire Vivians et non Unnaus, et je remarque en outre que Vivien étant en général trissyllabique, la césure est meilleure.

    Il est d’ailleurs bien peu vraisemblable qu’Ogier, énumérant les noms