Page:Castelli - Traicté de la mesure des eaux courantes, 1664.djvu/6

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

loient faire la ionction, en tirant un canal depuis le Nil iuſques a la Mer rouge, aprehenderent iuſtement que la marée ne montat iuſques dans la Riuiere, qu’elle ne corrompit ſes eaux, & quelles n’euſſent plus la vertu de rendre l’Égypte fertile, ainſi qu’elles font, ny de ſeruir de vreuuage aux habitans, & aux animaux du pais, a qui la nature n’a donné aucune autre eau, que celle du Nil. Dans le deſſein, messeignevrs, que l’on propoſe auiourd huy à Sa Maieſté, il ne ſe rencontre aucun de ces obſtacles. En l’année 1598, Monſieur le Cardinal de Ioyeuſe, ſuiuant l’ordre exprés qu’il auoit receu du Roy Henry quatrieſme, fit examiner cette affaire par de perſonnes intelligentes, qui aprez auoir eſté ſur les lieux rapporterent que la choſe n’eſtoit pas ſeulement poſsible, mais qu’elle eſtoit auſsi tres-aduantageuſe à la Prouince, & à tout le Royaume. La Lettre qu’il en eſcriuit au Roy en ce temps là, que l’on a donnée au public depuis quelques années auec les memoires pour l’Hiſtoire de ce Cardinal, merite d’eſtre leuë, d’autant qu’elle contient pluſieurs particularitez, qui regardent le deuis de ce Canal, auec le temps, & la depenſe qu’il y faudroit employer. En l’année 1604, Monſieur le Coneſtable de Montmorancy, eut ordre du meſme Prince, de faire viſiter les lieux pas des Experts, qui firent vn rapport conforme au precedent. Et enfin en l’année 1632, Monſieur le Cardinal de Richelieu auoit eu la penſée de faire executer ce deſſein mais les grandes affaires de l’Eſtat l’empeſcherent de s’y appliquer. Auiourd’huy messeignevrs que Sa Maieſté a examiné luy-meſme les propositions qui luy en ont eſté faites, & que par les lumières infaillibles de