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LES GUÊPES.

coup de dextérité, et qu’elles réduisent en pâte en les mouillant de leur salive. »

Un matin, Armande et son frère trouvèrent le guêpier terminé : il était de la grosseur d’une pomme. Dans chaque alvéole se trouvait maintenant un ver que les guêpes appâtaient. Puis un beau jour, il leur sembla que ces vers étaient devenus des guêpes.

Armande, voulant s’en assurer, s’approcha du rosier, sans s’apercevoir que son chapeau courbait une branche qui s’en vint frapper le nid.

Aussitôt les mères guêpes se précipitèrent avec furie sur la pauvre enfant, qui s’enfuit en poussant des cris perçants, car l’une d’elles l’avait piquée à l’oreille.

Melchior courut après sa sœur, et l’ayant attrapée, il frotta vivement la piqûre avec une poignée d’herbe qu’il venait d’arracher au gazon. La douleur disparut bientôt ainsi que l’enflure.

Armande alla vers son père et lui dit qu’elle ne voulait plus observer les guêpes parce qu’elles étaient aussi méchantes que les abeilles.

« Méchantes est un mot impropre. Les animaux agissent sans réflexion et n’obéissent qu’à leur instinct ; d’ailleurs, il n’y a aucune comparaison à établir entre l’abeille et la guêpe ; celle-ci attaque et pique de son aiguillon les animaux dont elle fait sa proie, tandis que l’autre, ne vivant aux dépens