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L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

riches, et que les pauvres n’ont pas besoin d’en savoir si long.

— Mais, Gote, dit Louise après avoir réfléchi un moment, si tu travaillais, tu deviendrais peut-être riche aussi ! »

Gote ne comprit pas.

Louise, accompagnée de sa mère, apporta un matin une belle jacinthe rose à la petite Gote, qui ne lui laissa pas le temps de la lui offrir. Elle la porta à ses lèvres avec transport, comme si elle eût été enivrée par son parfum ; puis elle se remit dans sa posture habituelle au coin de la porte, détacha une à une les clochettes de la fleur, les mettant avec précaution dans la poche de son tablier ; enfin elle les recouvrit de son pauvre mouchoir en lambeaux. L’enfant était si transportée de plaisir que Mme Malmont entra dans la chaumière sans qu’elle songeât à s’y opposer, et cette dame put constater le dérangement et la malpropreté qui accusaient l’insouciance de la ménagère.

« Maman, dit Louise en rentrant de la promenade, ne trouvez-vous pas que la mère de Gote est bien paresseuse ? Comment peut-elle laisser son ménage dans un tel état ?

— Mon Dieu ! Louise, il faut penser que cette pauvre femme, qui court toute la journée pour gagner quelques bouchées de pain à ses enfants, est bien fatiguée quand elle rentre le soir ; et peut-