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L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

contrée bien salubre et à une lieue de la ville, loin de toute grande route, il s’empressa de l’acheter et s’y occupa de la culture des fleurs.

Mme Malmont, femme d’un grand sens, qui avait été sous-maîtresse dans un pensionnat, faisait elle-même l’éducation de sa fille. Elle ne lui imposait pas un long travail : seulement elle exigeait que Louise apportât la plus grande attention à ce qu’elle faisait, et fût très-ponctuelle à se rendre aux heures destinées à l’étude. Pendant ses longues récréations, l’enfant jouissait de la plus complète liberté ; comme elle avait grand besoin d’exercice pour se fortifier, sa mère la laissait courir dans la campagne, ce qui, du reste, n’offrait aucun inconvénient dans ce pays retiré.

Louise, en allant faire des bouquets de myosotis au bord du petit ruisseau qui arrosait la vallée, passait devant une pauvre chaumière toute délabrée, habitée par la famille d’un ménétrier. Les abords en étaient malpropres et jonchés de débris de toutes choses ; le jardin était en friche ; l’on voyait épars auprès de la maison des branches de bois mort et des feuilles sèches ; enfin, tout annonçait la misère et l’incurie des gens qui l’habitaient.

Le ménétrier courait les noces et les fêtes patronales des environs, et ne rentrait guère au village que les dimanches pour faire danser la jeunesse du